STAGES ET EXPERIENCES PROFESSIONNELLES


PLAN DE LA PAGE

STAGE DE LICENCE: DEUX ENTREPRISES DE PETITE TAILLE EN MILIEU SEMI URBAIN- LIMAS ET STE FOY-LES-LYONS, RHONE-ALPES, FRANCE

STAGE DE MASTER: UNE ENTREPRISE DE PETITE TAILLE QUI TRAITE DE DEVELOPPER UN PROJET PARTICIPATIF DANS LA CONSTRUCTION DE LOGEMENTS- MEXICO D.F, MEXIQUE

STAGES DE LICENCE


Plan du rapport:

Introduction
I - Présentation rapide des entreprises

II- Le rapport entre enseignement en école d’architecture et réalité du métier d’architecte

1- La place de l’architecte.

2- La question de la réhabilitation.

Conclusion


Introduction

 J’ai choisi de faire deux stages de deux semaines chacun au lieu d’un seul pour la période d’un mois afin d’appréhender plusieurs manières d’exercer le métier d’architecte et de me confronter à différentes réalités.

J’ai donc décider de postuler pour une entreprise de petite taille (4 personnes)  et une entreprise de taille similaire mais constituée de plusieurs architectes associés.


I- Présentation des entreprises


  • Premier stage effectué du 15 au 26 février 2010
Agence FGB architecte, Limas ( 69 )
Agence de  4 personnes: Une architecte, deux dessinatrices, une secrétaire

Chantiers principaux :
-Réhabilitation d’une ancienne villa bourgeoise du XIX° siècle en logements sociaux à Villefranche sur Saône (69)
- Réhabilitation d’un ancien dépôt en bureaux à Lyon.


  • Deuxième stage : du 5 au 17 juillet 2010

Agence PackCréation à Sainte Foy lès Lyon ( 69)
Agence de quatre architectes associés : Un architecte DPLG  et trois architectes d’intérieurs.

Chantiers principaux :
-Centre balnéo ludique à Montgenèvre ( appel d’offre)
- Bureaux (réhabilitation) à Avignon.

II-  Confrontation entre l’enseignement et la réalité du métier.

 Ces stages permettent de se confronter à tous les aspects qui font partie du métier d’architecte mais qui nous échappent en tant qu’étudiant. L’enseignement en école d’architecture ouvre sur de nombreux domaines de réflexion. Les trois premières années en architecture apprennent plus sur l’architecture et les disciplines sur lesquelles elle ouvre que sur les métiers de l’architecture, notamment le métier d’architecte.
Se plonger dans quelques unes des réalités des métiers de l’architecture enrichissent ces réflexions et engendrent d’autres questions.


1- La place de l’architecte.


A l’école, nous abordons à travers différents enseignements la question du rôle de l’architecte aujourd’hui en France, notamment  dans la question du logement collectif, abordée de façon plus précise cette année.
Cette problématique est en effet récurrente, elle pose les enjeux sociaux et politiques  de l’intervention de l’architecte et par là, les répercussions d’un projet.

Certains projets d’architectes peuvent être jugés comme déconnectés des réalités contextuelles.
Face à cette question, on défend la pluridisciplinarité des équipes de projets comme solution.
En effet, les compétences de l’architecte ne sont pas celles du sociologue, de l’anthropologue,  du philosophe, de l’ingénieur ou de l’urbaniste et l’ouverture et la mise en commun de ces compétences dans la réflexion d’un projet apparaît comme une évidence.
Cette collaboration engendre une remise en question du métier même de l’architecte et me paraît intéressante car mon premier  stage m’a donné le sentiment que l’architecte se retrouve seul confronté à beaucoup de données à la fois et pour lesquelles il n’est pas toujours totalement apte à répondre dans un temps record.
La difficulté qui apparaît est alors de définir la place de l’architecte, cette question est d’autant plus floue lorsque l’on est étudiant.
Cette pluridisciplinarité, présente dans certaines agences, n’ enlèverait pas la richesse et la pluralité  du métier d’architecte mais donnerait peut être des réponses plus inscrites dans la réalité des contextes actuels .

Néanmoins, elle est souvent présente dans les agences de grande taille et reste difficile pour les petites entreprises comme celles de mon premier stage où l’architecte tente d’assurer sur tous les fronts.
De plus, dans une entreprise de petite taille, seul le re dessin et la constitution des dossiers sont relégués aux dessinatrices et la charge de travail pour l’unique architecte est importante.
Par conséquent, le temps « restant » pour la réflexion autour du programme et la phase « conception » est relativement faible.

Enfin, j’ai pu observer un  contraste évident entre les études en architecture et la réalité du travail ; ce contraste étant la rapidité avec laquelle doivent être délivrés les projets.

 Ce premier stage a mis en exergue la manière dont l’architecte doit faire sa place dans le monde du « bâtiment ».
En effet, certains suivis de chantiers m’ont éclairée sur le rapport souvent conflictuel entre artisans et architecte .
Le second stage m’a permis d’observer une autre manière de travailler, basée sur la collaboration entre architectes. Bien que là encore, il s’agisse d’une entreprise de petite taille, le fait q’elle soit constituée d’architectes associés donne lieu à une autre organisation du travail et donc, à une autre réalité du métier.
Le temps accordé à la phase conception y est plus important bien que mon passage dans cette agence a été marqué par un appel d’offre auquel il faut évidemment répondre rapidement.
Ceci est rendu possible par la division du travail et la répartition des projets entre collaborateurs.
Ce deuxième stage m’a permis d’appréhender le travail au sein d’une équipe moins marquée par la hiérarchie. De plus il était intéressant de pouvoir observer que même une petite entreprise peut être en collaboration avec des professionnels issus d’autres formations tels des paysagistes, des urbanistes ou des designers.
Le projet du centre balnéo-ludique à Montgenèvre sur lequel j’ai travaillé m’a permis d’appréhender un projet de grande envergure menée par une équipe pluridisciplinaire.
Dans les enseignements de troisième année, nous avons aborder la notion de territoire notamment en atelier de projet avec le projet urbain et les cours d’ « Urbanisme et projet territorial ». L’imbrication des différentes échelles et l’importance de l’architecture dans la construction  d’un territoire m’ont particulièrement intéressés cette année.
Or, lors de ce stage, travailler sur ce projet m’a permis d’observer de manière plus concrète les interactions entre architecture, urbanisme et pensée paysagère.
Au delà même d’un équipement, le programme englobe diverses problématiques qui nécessitent une équipe pluridisciplinaire afin de répondre de manière la plus appropriée possible.


2- La question de la réhabilitation


 J’ai pu observer lors de mon premier stage que les projets de réhabilitation occupent une place importante .
La réhabilitation renvoie à la problématique de la construction de la ville sur elle-même et constitue une alternative à l’étalement urbain.
Nous abordons l’enjeu que représente le mitage du territoire d’un côté et une détérioration du bâti ancien dans les centres-villes de l’autre, mais il est vrai que la question de la réhabilitation est absente  dans l’ enseignement en licence . 
 J’ai trouvé que se confronter durant mon stage à la nécessité de prendre en compte cette solution était  très enrichissant.

L’approche de la réhabilitation est complémentaire à la manière dont nous abordons le projet à l’école.
Cela engendre un questionnement pour chaque cas de la pertinence de la réhabilitation. Le travail d’état des lieux est alors important pour déceler la faisabilité du projet à l’intérieur des murs existants, son intérêt, son coût.
Lors de mon premier stage, un chantier m’a particulièrement intéressé : un chantier de réhabilitation d’une villa bourgeoise en logements sociaux.
En effet, la question du logement étant alors abordé en enseignement de projet, ce chantier m’a permis de me confronter à une manière particulière de répondre aux besoins en logements sociaux.
J’ai trouvé intéressant le fait d’utiliser la reconversion d’un bâtiment ancien, qui aurait été susceptible d’être racheté par des entrepreneurs privés, pour répondre aux besoins en logements.
 De plus en France, la question du bâtiment ancien et la classification du patrimoine a tendance à figer le bâtiment et amplifie les phénomènes de détérioration du logement en centre-ville .

Lors de mon deuxième stage, bien qu’il ait eu peu de chantiers de réhabilitation, j’ai pu appréhender l’importance du mobilier dans la mise en valeur du bâtiment ancien.
L’entreprise étant essentiellement composée d’architectes d’intérieur, le projet de réhabilitation de bureaux à Avignon était marqué par un travail approfondi sur le mobilier. Ce projet m’a intéressée car même si on peut d’avantage parler de projet d’aménagement, il révèle le mobilier comme partie intégrante du bâtiment. Ici, le mobilier participe à la construction de l’espace, et donc dans le cas d’une réhabilitation, à sa conversion, son changement de fonction.


Conclusion


Ces stages m’ont permis d’appréhender de manière plus précise l’exercice du métier d’architecte.
Néanmoins, un stage de deux semaines reste insuffisant pour s’imprégner du quotidien d’une agence et mesurer les difficultés de la réalité d’un programme, d’un contexte. Cette période est trop courte pour suivre de manière approfondie la progression d’un projet, jusqu’à son aboutissement et même si possible son appropriation.

Le fait d’avoir fait deux stages de courte durée m’a  néanmoins permis d’aborder de manière comparative l’exercice du métier d’architecte et d’approfondir ce rapport critique, me situer dans les différents métiers de l’architecture.




STAGE DE MASTER



 Avant propos

  Au cours de mes études, j’ai pu avoir une approche très générale à travers différents domaines de l’architecture. Les différentes expériences universitaires et personnelles participent à la constitution d’une culture personnelle en perpétuel développement.
Le cursus de master qui a débuté par  une année d’échange universitaire à la UNAM (université nationale autonome de Mexico) dans la ville de Mexico a constitué une expérience importante dans mon ouverture culturelle, humaine et architecturale . Cette année au Mexique m’a ouverte à d’autres réalités et d’autres problématiques liées à l’architecture.
  En effet de retour à l’école nationale supérieure nationale de Saint-Etienne pour l’année de master 2, j’ai développé durant cette dernière année une réflexion plus particulière sur la problématique liant habitat et autoconstruction. Cette problématique a constitué la base de mon projet de fin d’étude qui développait un ensemble de logements évolutifs à part d’autoconstruction. Ce travail théorique posait la question d’une démarche professionnelle et interrogeait les modalités d’intervention de l’architecte dans cet enjeu que pose l’importance des pratiques d’autoconstructions individuelles comme mode de production majeur des villes, et, en ce sens de l’habitat.

  Désireuse d’approfondir cette méthode, ses problématiques, ses enjeux et ses réponses, et de  découvrir à quelles réalités elle pouvait correspondre au sein d’une agence, je me suis orientée vers une agence d’architecture mexicaine développant un projet qui tend à répondre aux besoins en  logements. dans les quartiers informels (colonias populares) de la ville de Mexico : l’agence Hierve Diseneria.


Plan du rapport:

 Introduction                                                                                                                                              

I Objectifs et modalités du stage                                                                                                        

1-Objectifs précis du stage                                                                                                                    

2- Structure d’accueil                                                                                                                             

3- Justification du choix de stage.                                                                                                         

II- Déroulement du stage et descriptif des activités                                                                        

1-Développement du projet « sistema arde »                                                                                  

2-Du travail de recherches à la re définition du projet                                                                     

III- Bilan critique général de l’expérience professionnelle                                                           

1- Principales difficultés rencontrées.                                                                                                

2- Orientation professionnelle préférentielle                                                                                   

Conclusion                                                                                                                                              

Remerciements                                                                                                                                     



Introduction.

Ce stage constitue une étape importante dans la progression entre les études et le milieu professionnel.
 Il fait transition entre le milieu universitaire, les réflexions théoriques développées au cours des années d’études, et le milieu professionnel, les démarches et les réponses existantes dans un cadre professionnel établi.

Les problématiques liées à l’auto constructions et les modes de production informels de la ville et de l ‘habitat ont constitué un axe de réflexion important lors du cycle master.
Confronter cette réflexion théorique (travail de mémoire ) et architecturale (travail de projet de fin d’étude) menées au cours du cycle de master à la réalité d’un pays donné, à ses caractéristiques économiques et sociales, aux conditions matérielles qu il implique , à une culture de l’  « habiter » était indispensable pour approfondir un sujet qui ne prend du sens que lorsqu’il est lié à des données précises d’un contexte.

De plus, avoir l’opportunité de faire un stage à l’étranger permet de se confronter à une réalité différente de l’exercice du métier d’architecte.


I- Objectifs et modalités du stage

1-objectifs précis du stage

- Confronter les axes de réflexion développés lors des années d’étude à la réalité d’un contexte qui présente le secteur de construction informel comme source d’une part majeure de la production de la ville.

- Observer quelles peuvent être les modalités de projets d’architecture traitant de répondre aux besoins en logements dans un contexte où l’auto construction reste l’issue majeure pour se loger: les conditions générales du domaine professionnel de l'architecture et de discipline en définissant les profils de ses déterminants et d'orientations compétitives.

- Définir suivant les  politiques et stratégies publiques et institutionnelles existantes d’un cadre des stratégies populaires d'accès et une production de demeure ainsi qu’une nature d'opération et de portées.

2- Structure d’accueil

2.1-Approche et activités de l’agence

  L’agence « Hierve diseneria » est une structure de petite taille  composée de trois architectes fondée par l’architecte Alejandro Villareal en 1999 . Implantée dans la ville de Mexico où elle a été crée et à Londres où elle développe davantage de projets de design industriel, l’agence se dédie aux aires de l’architecture , du design industriel et des arts graphiques et plastiques . Son objectif est de développer des projets en interaction directe avec la société : la préoccupation de l’usager est  fondamentale et prédominante dans la réflexion sur le projet.     L’idée principale que soutient l’agence consiste en ce que la créativité ne doit pas se limiter à ce qu’elle produit, mais elle doit être utilisé pour servir à la société.
Une approche pluridisciplinaire des enjeux liés au projet d’architecture est défendue et menée par les collaborations ponctuelles et variées avec diverses équipes issues d’autres disciplines : sociologie, anthropologie, ingénierie .
Le travail de recherches constitue un point important dans la démarche de projet : chaque étude pluridisciplinaire donne lieu à un travail de synthèse et aboutit au travail de conception spatiale et plastique.
L’agence développe peu de projets, en comparaison à la majorité des agences d’architecture implantées à Mexico.

2.2- Fonctionnement de l’agence .

 L’équipe est composée de l’architecte directeur d’agence Alejandro Villareal et de 2 architectes employés Gabriela Rosas et Jésus Ramirez .
Les problématiques et sujets de recherches amorcés par Alejandro Villareal et approuvés par son équipe sont développés dans le cadre de diverses collaborations interdisciplinaires .

 Parallèlement, une proposition architecturale est développée par Alejandro Villareal : celle ci s’exprime de manière très synthétique sous forme de dessins, croquis, diagrammes de fonctionnement. L’équipe d’architectes est chargée de développer le projet à partir de cette synthèse. Les allers retours entre l’équipe et les collaborateurs issus d’autres disciplines reste un point essentiel dans le développement de projets.
Dans le cadre du stage, ma participation au travail de l’agence s’est faite grâce à la collaboration avec Gabriela Rosas sur la réflexion  du projet de logements en autoconstruction.

II- Activités au sein de l’agence
1-Projet « sistema arde »

  Il y a treize ans,  l’agence a développé un projet répondant aux besoins en logements des populations issues des classes moyennes et basses de la ville de Mexico. Ce projet développe un système constructif qui permet une grande variation d’assemblages et de déclinaisons spatiales. Ici l’approche se base sur un système décomposé ( « architecture démembrée »).
Le nom « sistema arde » est une abréviation d’  « Architecture démembrée » (Arquitectura Deshebradaen espagnol), car il se développe à partir de pièces indépendantes qui offrent une grande variation d’assemblages et une grande variété de configurations
architectoniques.
  Le système de blocks, une poutrelle et un entrevous est l'un des systèmes constructifs plus utilisés au Mexique pour la construction de logements « populaires ». Il est re dessiné et constitue un système constructif intégral permettant d’améliorer la qualité technique et constructive des logements ainsi que la qualité des espaces.
 Le matériel est pris également comme base à la réflexion. Sa résistance est améliorée et les proportions dans la composition des blocks peut varier selon le lieu où l’on construit (contraintes géophysiques, ressources locales, dynamique et nature des sols, etc.)

- Les « basiques » qui constituent la structure porteuse élémentaire de la construction.

- Les « achevés structurels » : ce groupe se compose des pièces qui ne résolvent pas uniquement le caractère structurel du mur, mais incorporent une qualité matérielle de finition d'extérieurs et qui rendent dispensables les applications de peinture et l’ entretien des façades dans le futur.

- « Les accessoires structurels » : ces pièces servent de complément aux deux groupes antérieurs, et résolvent les caractéristiques spécifiques des escaliers, des cadres de fenêtres, les jardinières, les pièces qui facilitent les installations, etc.

 Le système conjugue deux approches distinctes dans sa conception: l'une axée sur l’efficacité constructive, (performance constructive et économie du matériau) et l’autre alliant créativité et « humanisation ».


2- Intégration du « système arde » dans un projet « intégral » et amélioration du projet architectural.

2.1- Démarche théorique et professionnelle.

 Face à l’ampleur du phénomène d’autoconstruction dans la ville de Mexico, l’agence a ré orienté sa démarche et tend vers un projet intégral qui a pour objectif de rendre accessible l’architecture aux populations issues des classe sociales moyennes et basses vivant dans  des logements autoconstruits souvent considérés comme insalubres.
Le déséquilibre entre production de logements issus du secteur formel et les besoins en logements dans l’ensemble de la ville aboutit inévitablement à une croissance accrue de la production de logements issue du secteur informel.
Le projet « sistema arde » est reconduit en projet intégral qui tend à développer des « magasins de logements »( « tiendas de viviendas ») Il consiste a développer une série de magasins dans l’ensemble de la ville qui mettent à disposition le matériel de construction (« sistema arde »), rendant accessible un service de conception architecturale pour chaque logement.
L’objectif principal est de développer un travail de recherches sur les réalités économiques et sociales liées à la question du logement au Mexique et plus spécifiquement dans la ville de Mexico et étudier les modalités possibles de projets de logements dans les quartiers informels (cadre politique, organismes de financement existants, etc).
La volonté est de développer le projet de logement dans le cadre d’une réponse intégrale qui mobilise les problématiques liées au financement, à l’architecture, à la construction, pouvant être moteur de projets participatifs.


2.2- Quelques notions


- Autoconstruction :

 « Construction totale ou partielle d’un logement par l’habitant. » (…) , Dans la conception de l’économie domestique des foyers populaires, revient à l’Homme le rôle d’assurer le maximum d’autarcie, au moins d’indépendance par rapport au marché des services artisanaux, considérés comme trop dispendieux. L’autoconstruction vient alors réaliser l’idéal de l’homme complet, polyvalent, qui se transmet aussi parfois dans les classes moyennes ou chez les cadres supérieurs. »
Dictionnaire de l’habitat et du logement. Sous la direction de Marion Ségaud, Jacques Brun, Jean-Claude Driant, Edition Armand Colin

L’utilisation du terme « autoconstruction » pour parler de la réalité du logement dit « informel » se rapporte à des modes de construire qui n’appartiennent pas au secteur formel de la construction. Cependant, il ne s’agit pas uniquement de logements construits par les habitants mais en majorité par des maîtres d’œuvre («maestros») appartenant au secteur informel. La partie restante de ces constructions est issue entièrement d’autoconstructions individuelles ou « constructions spontanées »).





- Ville formelle/Ville informelle :

« A l’heure actuelle, si la télématique maximise le potentiel de dispersion géographique, le processus de globalisation économique impose une logique de concentration qui a besoin de lieux dotés d’énormes infrastructures, de main d’oeuvre et d’édifications spécifiques. Ce paradoxe, caractéristique des villes contemporaines, demande de nouvelles capacités organisationnelles, de nouvelles technologies et de nouveaux secteurs de croissance. En Amérique Latine ce phénomène semble engendrer aussi bien la naissance de nouvelles centralités que la croissance de la marginalisation sociale. Sa manifestation la plus évidente est la production d’une ville divisée entre ¨le secteur formel¨ composé d’un centre, de sub-centres et de quartiers ; et ¨le secteur informel¨ formé par les favelas et périphéries, scission qui détermine un fort trauma urbain. D’après Freud les questions traumatiques amènent à la perte primordiale du sujet en relation du champ de l’autre. »



- Projet intégral:

 Par projet intégral, l’agence entend « un projet qui comprend un travail architectural, le développement d’un système constructif,.qui facilite le processus de construction et une meilleure qualité du matériel, mais aussi qui prend en charge le financement et l’appui social  à travers le projet architectural. »


- Esthétique:

 Il s’agit ici d’adapter le système constructif aux  modes de construire et d’habiter des résidents. L’acceptation du projet dans des quartiers où la culture de l’  « autoconstruction » est si forte constitue un enjeu majeur et remet en question la notion d’  « esthétique » : Quelle évolution entre le projet tel qu il est construit et tel qu’il devient suite à l’appropriation des espaces par les habitants.

« Caractère esthétique d'une forme d'art quelconque ; harmonie, beauté » 
Dictionnaire Larousse 2005
Ici, la notion d’esthétique fait appel à un ensemble de critères culturels, de valeurs symboliques. Quelle esthétique dans les quartiers «autoconstruits»?


2.2 Etapes de recherches:


2.2.1- Etudes situation du logement au Mexique:


- Recherches statistiques : 

 Analyse de la situation économique et sociale liée à la problématique du logement au Mexique et plus spécialement dans la ville de Mexico (sources statistiques INEGI et données gouvernementales). Les délégations de la ville de Mexico étudiées (Itzapalapa, Tlalpan, Tlahuac) permettent de mettre en lumière les problématiques liées à la construction informelle. En effet ces délégations situées aux périphéries des limites administratives de la ville de Mexico sont fortement marquées par l’autoconstruction. La délégation de Itzapalapa par exemple détient la majeure part des bidonvilles de la capitale.


- Enquêtes de terrain:

 Relevés, travail d’analyse des modes de constructions observés dans différentes délégations de la ville (délégations périphériques fortement marquées par la question de la construction dite «informelle») Visite de terrains, diagnostics de différents logements «autoconstruits», pris comme échantillons situés dans les «délégations témoins».
 Echanges avec les habitants . travail de synthèse des problèmes posés par le mode de construction. Conclusions sur la qualité physique et spatiale des espaces construits pour chaque logement « témoin ».

2.2.2- Structure urbaine des quartiers d’interventions

- Analyse urbaine :
- Relevés sur le terrain, croquis, photos, analyse de la structure urbaine, gestion de la topographie, équipements existants, nature des constructions (constructions neuves, présence ou non de bâtiments issus du secteur formel), etc.
Etudes de la formation de la structure urbaine : peut-ont parler de trame ?
-L’analyse du quartier de San Jeronimo, au sud de la délégation de Itzapalapa démontre que la gestion d’une topographie de forte pente rend difficile l’accessibilité et pose la question de la continuité spatiale entre ville formelle et quartiers informels. L’absence d’espaces publics, espaces récréatifs, capables de générer une vie sociale à l’échelle du quartier,  amène à repenser le projet à échelle urbaine : restructuration urbaine, création d’équipements et d’espaces publics qui participent à la ré intégration de ces quartiers au reste de la ville.

- Les Financements

- Recherches statistiques :

 Recherches des données nationales et par ville concernant la question du financement et des crédits accordés pour l’acquisition et la construction de logements (organismes publics et privés, montant total des crédits accordés, nature de ces crédits, etc) et pour quels types de travaux (construction neuve ou réhabilitation). Ce travail de recherches statistiques s’accompagne d’une analyse comparative entre la proposition d’un ingénieur (collaboration) et proposition d’un maître d’œuvre exerçant dans ces quartiers à forte concentration de constructions informelles.

- Enquête sur le terrain :

 Recherches dans les «délégations échantillons» de la ville sur le montant total d’une construction type (un niveau composé d’une cuisine, une salle de bain sanitaires, une salle à manger, un séjour, deux chambres et patios répartis ( patio de service et patio d’entrée et stationnement) et d’un escalier pour une extension future; et analyse de la qualité des services (qualité architecturale et constructive).

 Ce rapport qualité/ prix est analysé en collaboration avec un ingénieur qui de son côté pour chaque logement échantillon évalue la qualité constructive proposée par le constructeur, redimensionne les éléments de structure
et fait son propre devis (montant total des matériaux , efficacité et économie du projet dessiné etc…).
L’enquête de terrain établie a permis de déceler les problèmes liés aux modes de construction pratiqués dans les quartiers informels : certains maîtres d’œuvre sont analphabètes et ne communiquent pas aux futurs habitants les données liées à leur future habitation ( dans certains cas, aucun devis n’est donné, aucun papier écrit n’est rendu, ni aucun plan dessiné). Sur quatre maîtres d’œuvre consultés seul un a rendu quelques plans croquis et bien que l’équipe, se faisant passer par un couple de futurs habitants du quartier aient insisté sur le fait qu’ils n’avaient les moyens financiers pour construire la maison complète et souhaitaient construire un seul niveau mais que dans le futur, ils souhaitent construire un second niveau, aucun escalier n’a été dessiné. On remarque qu’aucune considération des éventuelles évolutions et ampliations de l’habitat  n’existe.
En étudiant d’autres constructions issues du secteur informel, on se rend compte que l’escalier pose problème dans l’évolution de l’habitat : souvent, il n’est pas construit et fait l’objet de travaux supplémentaires . Le manque d’anticipation dans le processus de construction amène les habitants à poursuivre eux même la construction.
La visualisation de la future habitation se fait sur le terrain au fur et à mesure que se déroule la construction. D’un point de vue architectural, la qualité des espaces construits ne permet aucune flexibilité des espaces habitables et l’apport de lumière et la ventilation sont souvent très insuffisants.  L’analyse comparative avec la proposition de l’ingénieur démontre que l’utilisation des matériaux fait appel à une certaine connaissance et une habitude liée à la construction mais que la quantité de matériaux utilisés n’est pas économique et n’est pas adaptée.


2.2.4- Définition des modalités du projet :

Recherches théoriques :

- Etudes de projets existants :
Etude des différents projets traitant de répondre aux besoins que pose le logement informel (approche, modalités, financement, qualité constructive et architecturale, impact social des interventions) : à partir de ces recherches est constitué un portafolio de projets traitant des problématiques relatives au logement informel (bidonvilles, favelas, logement classé comme insalubre, etc) dans divers pays analysés de manière critique des différentes postures prises vis à vis de divers contextes, concernés par la problématique du logement informel.
La question du financement dans ce type d’intervention est évidemment un enjeu central. Face aux difficultés à développer des partenariats avec les pouvoirs publics existants, l’autogestion des projets issue d’une organisation communautaire reste la solution la plus employée.
En ce sens, la notion de communauté est importante il s’agit de comprendre les interactions existantes entre les habitants du même quartier pour tenter de définir les critères de définition de la communauté qui varient fortement d’un milieu à un autre.

- Etudes de l’approche anthropologique de la problématique du logement informel au Mexique.
Recherche sur les relations entre architecture et anthropologie autour du projet de logement dans les quartiers informels en collaboration : recherches théoriques sur la question des pratiques de construction dans les quartiers informels, entretiens prévus avec une anthropologue spécialisée dans la question de l’habitat, professeur à la UNAM (université nationale autonome du Mexique).

 Il s’agit ici de trouver le point de coïncidence entre les différents besoins des habitants du quartier étudié comme référence. Cette étape consiste en la compréhension de la structure sociale dans laquelle se développent les quartiers informels.
Il m’est difficile de décrire avec plus de détails cette étape de travail au moment où j’écris car elle ne s’inscrit plus dans la période de stage prévu mais fait l’objet d’un contrat de travail de durée déterminée, en continuité avec le travail de recherches, qui est en cours de développement.
 L’ensemble de ces axes de recherches permettent de définir le cadre dans lequel va pouvoir se développer le projet.


III- Bilan critique général de l’expérience professionnelle

1- Principales difficultés rencontrées.

  La difficulté principale rencontrée a été d’établir un cadre à la proposition encore limitée à la proposition architecturale et constructive pour l’intégrer à un projet intégral contraint par la réalité économique et politique du pays. La difficulté a été de mener différentes études appelant à des connaissances variées appartenant à d’autres disciplines que l’architecture et définir les points de coïncidence qui permettent de fixer le cadre au projet architectural.
  La conjoncture économique ne permettant pas à l’agence de multiplier les collaborations sur ce projet, cela m’a permis d’avoir une approche de cette réalité qui souvent rend difficile cet idéal de travail interdisciplinaire.
De plus, la question du logement étant particulièrement rattachée à diverses sphères interconnectées ( politique, sociale, économique, environnementale, etc) nécessite une compréhension et une interprétation approfondie de l’ensemble des phénomènes liés aux problématiques que pose le développement  informel des villes et l’autoconstruction d’habitations.
Une fois de plus, le projet mené au sein de l’agence m’a permis de prendre conscience du rôle social de l’architecte dans les problématiques actuelles liées au logement et les difficultés liées aux démarches de projet participatif.
 La volonté de vouloir rendre accessible le logement de qualité aux populations qui ne parviennent pas à se loger par le secteur formel de la construction, en développant un réseau de commerces (« tiendas ») qui permet de générer un ensemble de projets participatifs me paraît très intéressant et s’adapte complètement au contexte global au Mexique. Néanmoins il reste encore à ce stade de développement, difficile de percevoir de manière précise les modalités (cadre juridique et collaboration possible avec le secteur public et les programmes gouvernementales). Le développement du projet est complexe car il rassemble des acteurs très divers.
La démarche et les moyens développés se basent sur une réalité précise à différentes échelles ( de problèmes inhérents à la société aux besoins et habitudes liés à la vie quotidienne des habitants), ce qui rend le sujet passionant.
  Les activités y ont été très différentes des autres stages effectués durant mes études et a constitué une transition intéressante entre les années d’études et la vie professionnelle, alliant recherches théoriques et analyse du contexte (terrains, statistiques).
L’équipe m’a réellement intégrée au développement du projet à travers le travail de recherches. Il ne s’agissait pas de redessiner un projet déjà conçu mais participer à la réflexion sur le projet, à son amélioration.


2- Orientation professionnelle préférentielle

Ce stage ,très différent des autres stages que j’ai pu effectuer jusqu’à présent, a constitué une expérience importante. Il m’a permis de comprendre qu’au delà du travail requis par le projet d’architecture (réflexion, conception, dessin), le travail de recherches théoriques (réflexions issues de croisements de disciplines différentes), recherches statistiques (contexte actuel d’intervention) et recherches sur le terrain (diagnostic de terrains, échanges avec les habitants).comme étape fondamentale dans le développement d’un projet « intégral » et qu’elle est difficile mais possible dans le cadre d’une agence à condition de
tenir une gestion rigoureuse des priorités face aux échéances et une répartition claire des projets entre les membres de l’équipe.
De plus, l’organisation particulière de cette agence, de très petite taille, ce qui est rare dans une ville comme Mexico, où toute entreprise du secteur formel de la ville doit être la plus efficiente possible et la plus rapide face à ses concurrents.
Ce stage débouche sur une offre d’emploi pour 4 mois supplémentaires afin de finir de déterminer les problématiques liées à au « projet intégral » : étude de l’approche « anthropologique » des modes de production d’habitat et des modes d’habiter dans les quartiers informels,(études de terrain dans les quartiers d’étude, réunions avec les habitants collaborateurs, questionnaires, etc) et étude comparative avec les projets issus de grands programmes du secteur formel ( programmes CONAVI, programmes « buena vivienda » etc).


Conclusion

  L’habitat constitue un des droits les plus élémentaires de l’Homme, pourtant, il reste encore  inaccessible à une part majeure de la population mondiale. Le phénomène est aggravé en milieu urbain. Le travail de recherches mené lors de mon stage m’a permis de prendre conscience de l’ampleur du logement informel et de la complexité des interrelations entre
Le travail de recherches m’a permis d’avoir une approche des différentes étapes transitionnelles d’un projet architectural lors de sa concrétisation et son intégration dans une réalité politique, économique, sociale et culturelle complexe.
  Le fait de vouloir répondre aux besoins en logement et apporter une réponse intégrée à un contexte qui présente la problématique du logement informel comme problème majeur et urgent, et ce, de manière globale et non à travers un projet isolé, résulte d’un long processus alliant travail de recherches, développement d’échanges avec les habitants et conception architecturale.
Enfin, grâce à ce stage j’ai pu avoir une approche des difficultés d’une agence de petite taille pour « survivre » dans une ville comme Mexico.

Remerciements

Je tiens à remercier le directeur de l’agence Hierve Diseneria , Alejandro Villareal pour m’avoir permise d’effectuer ce stage et pour la richesse des échanges lors de ce stage qui en a fait une expérience très intéressante. Merci aux architectes de l’équipe Gabriela Rosas et Jesus Ramirez pour l’intérêt constant  qu ils portent aux échanges sur les sujets de réflexions abordés durant le développement de projets. La passion et l’humanité avec laquelle ils exercent leur métier a rendu mon stage agréable.










































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire